Comment dire la Mort ?
Devant la mort, si les adultes se font une raison, encore qu’il existe des deuils infinis, qu’en est-il pour les enfants ? Comment comprennent-ils ces disparitions définitives, comment vivent-ils ce qui parfois leur apparaît comme « injuste », comment arrivent-ils à se débrouiller avec l’absence ?
Le dialogue des adultes avec les enfants est toujours nécessaire, mais parfois difficile lorsque les parents sont directement concernés. Pourtant, la mort est toujours bien présente dans notre société. Le cinéma, la télévision, les jeux vidéos nous la montrent sans beaucoup de retenue. Mort réelle ou mort fictive se côtoient, la rendant familière dans ce cas-là mais d’une familiarité qui disparaît alors qu’elle arrive « pour de vrai ». Les enfants découvrent ainsi la mortalité des êtres humains, qui n’était que « littéraire » et abstraite jusqu’alors et tout ce qui entoure la mort, les cérémonies, les cimetières, puis le deuil, le souvenir et tous les sentiments contradictoires et paradoxaux qu’elle peut susciter.
Le projet de cet ouvrage est de tenter de déplier la mort dans ses différentes modalités et représentations, de donner des exemples de situations possibles afin que parents et enfants puissent en parler, et, peut-être, se sentir moins désarmés.
Sommaire
Introduction
La notion de Mort chez l’enfant
La Mort dans la vie
Pourquoi et comment il est mort ?
Pourquoi il est mort ?
Parler du suicide
Le suicide d’un adolescent
La mort d’un enfant
La mort subite du nourrisson
La mort des arrière-grands-parents
Les catastrophes
Les guerres
La mort à l’hôpital
La mort d’un animal de compagnie
Où on est quand on est mort ?
Les rituels
Les enfants iront-ils assister aux funérailles
Le cimetière
La crémation
Qu’est-ce qui se passe après ?
Comment c’est quand on est mort ?
Mais c’est quoi « le deuil » ?
La transmission
Le souvenir
Une grossesse interrompue
La légende de Gilgamesh
Ailleurs
J’ai..., la peur de la Mort
Les adultes face aux enfants
La fin de deuil chez un adulte
Parler de la mort à un tout petit
Conclusion
Bibliographie
Introduction de l'Auteur de son ouvrage : "Devant la mort"
La mort fait partie de la vie. Elle rythme dans les familles le passage des générations et, selon sa nature et son origine, maladie, guerre, vieillesse, suicide, elle pèse différemment sur l’histoire de chacun.
Alors que j’étais enfant, je demandai à ma mère : « mais où sont morts tes parents ? ». Elle me répondit : « en Silésie ». Réponse mystérieuse.
Ce ne fut que bien plus tard que j’appris que la « Silésie » signifiait « Auschwitz ».
Cette question de la mort et de la guerre a peut-être contribué à ma vocation de médecin, puis de pédopsychiatre, qui sait ? Comprendre, guérir, lutter contre l’inévitable, être « plus fort que la mort » – comme disent les enfants –, s’« originerait » dans cette histoire ?
Par la suite, je me suis aperçue que je ne parlais jamais de mes « grands-parents maternels », je disais toujours : « les parents de ma mère », comme si le fait de ne pas les avoir connus en faisait irrémédiablement des étrangers ou plutôt, comme si il me fallait les mettre à distance à cause de la violence de cette mort, violence pour eux et pour ma mère qui m’en avait protégée le plus longtemps possible jusqu’à ce que je la questionne.
Devant la mort, si les adultes se font une raison, encore qu’il existe des deuils infinis, qu’en est-il pour les enfants ? Comment comprennent-ils ces disparitions définitives, comment vivent-ils ce qui parfois leur apparaît comme « injuste », comment arrivent-ils à se débrouiller avec l’absence ?
Le dialogue des adultes avec les enfants est toujours nécessaire, mais parfois difficile lorsque les parents sont directement concernés. Pourtant, la mort est toujours bien présente dans notre société. Le cinéma, la télévision, les jeux vidéos nous la montrent sans beaucoup de retenue. Mort réelle ou mort fictive se côtoient, la rendant familière dans ce cas-là mais d’une familiarité, qui disparaît au moment où elle arrive « pour de vrai ». Les enfants, qui ne connaissent, jusqu’alors, la mort sous forme « littéraire » et abstraite, découvrent ainsi la mortalité des êtres humains, et tout ce qui l’entoure, les cérémonies, les cimetières, puis le deuil, le souvenir et tous les sentiments contradictoires et paradoxaux qu’elle peut susciter.
Pourrait-on dire alors que la mort fait partie de la vie ? Qu’elle nous renvoie à nos limites, à notre impuissance, et que les contextes dans lesquels elle intervient la rendent plus ou moins acceptable, plus ou moins attendue...
Le projet de cet ouvrage est de tenter de déplier la mort dans ses différentes modalités et représentations, de donner des exemples de situations possibles afin que parents et enfants puissent en parler, et, peut-être, se sentir moins désarmés.
Fanny Cohen Herlem